181000 euros pour une enquête…

La majorité socialiste du Conseil général va dépenser 181000 euros, soit l’équivalent de 300 aides au permis de conduire pour les jeunes, à l’enquête « On s’connait ? ». La démarche est présentée aux conseillers généraux réunis en session… alors même que tout est déjà engagé ! Les habitants d’Ille-et-Vilaine sont invités à répondre à un questionnaire paru dans « Nous vous llle » qui a déjà été distribué dans les boites aux lettres. Les partenaires du département ont déjà pu prendre connaissance de la démarche dans le périodique « L’Actualité ». Une fois de plus, la démocratie participative, c’est pour tous, sauf pour les conseillers généraux, majorité comme minorités comprises… Nous notons derechef, que les comités consultatifs ont été informés de la démarche avant nous… comme nous déplorons le peu de place laissée au rôle et à l’action des conseillers généraux dans le questionnaire.

Nous nous demandons également pourquoi l’enquête est lancée alors que la majorité sait bien ce qu’attendent les usagers : de la transparence dans le suivi des dossiers, des interlocuteurs réactifs et des réponses personnalisées. Ils veulent réaliser des démarches sur internet mais aussi pouvoir compter sur un accompagnement humain des services en cas de besoin. Je pense que nous pourrions ajouter que les citoyens souhaitent aussi plus d’efficacité dans l’action publique en général, plus de lisibilité pour savoir qui fait quoi… et moins d’impôts pour préserver leur pouvoir d’achat. 

La majorité dispose déjà de beaucoup de matière pour décider, agir et améliorer les relations avec les citoyens usagers. Les exploitent-ellesau maximum de leur conclusions et pistes d’action ? N’y a-t-il pas des décisions courageuses à prendre qui seraient différées ? Si déjà les préconisations des collaborateurs du Conseil général qui sont en contact avec le public étaient prise en compte, il y aurait certainement un grand progrès.

Nous entendons évoquer des enquêtes dans divers lieux du Conseil général. Tantôt apprend-t-on qu’il s’agit des CDAS ou de la gare routière. C’est pour nous plutôt une bonne idée car ce sont des lieux où on cible vraiment les usagers du département. Mais pourquoi ne pas réaliser des enquêtes de satisfaction dans chaque service du Conseil général : de la MDPH à la Sadiv, en passant par le SDIS et d’autres. Plus ciblé, cela serait assurément plus pertinent, et probablement moins coûteux…Mais ce que nous aimerions par-dessus, c’est que ces enquêtes sur les relations entre les citoyens et le Conseil général soient réalisées auprès des citoyens qui sont sensés fréquenter les agences…

Enfin par cette démarche, la majorité souhaite « permettre aux habitants d’être acteurs des solidarités familiales, de voisinage, les mobilisations citoyennes agissant en complément de l’action publique ». Elle semble même disposée à des évolutions possibles des modes de fonctionnement et même des niveaux de prestations.  Pour la première fois, la majorité socialiste du Conseil général propose d’interroger les usagers sur l’équilibre qui doit s’instaurer entre prise en charge publique d’un certain nombre de prestations et prise en charge individuelle ou par les solidarités de proximité. Voilà un beau débat en effet, auquel les élus du groupe Union de la droite et du centre sont prêts, un débat utile à conduire alors que le gouvernement invite à travailler sur l’acte 3 de la décentralisation. Mais franchement, les réponses au questionnaire ne sont certainement pas de nature à apporter des réponses à ces sujets, pourtant fondamentaux.

Alors, en séance, je me suis permis de douter de la méthode, d’alerter sur le coût, de soupçonner les motivations réelles. Une vaste opération de communication et un plan d’action sur 3 ans. Personne n’est dupe. Cela correspond précisément à la période qui nous sépare des prochaines échéances électorales de 2015… que la majorité va s’employer à nourrir de communications à ses cibles privilégiées. Bref, la majorité du Conseil général nous ressort le grand jeu, les grands moyens, comme pour promouvoir la création des agences, comme pour dénoncer ce qu’ils appelaient le désengagement de l’Etat (ils sont d’ailleurs étrangement silencieux en ce moment, alors qu’il n’est pas prévu de surdoter les collectivités…), comme pour caricaturer la réforme territoriale qui avait le mérite de simplifier le mille feuille et se donnait pour objectif de maitriser la dépense publique… En somme, dès à présent, le Président Tourenne sonne le début de la campagne électorale, et va utiliser tous les moyens de la collectivité à cette fin : moyens humains, financiers, logistiques. Ce qui pour le groupe de l’Union de la droite et du centre est proprement inacceptable, car avec l’argent du contribuable…