Heureusement que le ridicule ne tue pas…
Publié le 20 juin 2013 dansCe jeudi, la majorité socialiste du Conseil général d’Ille-et-Vilaine empruntait un ton exagérément grave pour annoncer le nom désormais retenu pour désigner les habitants du département. Depuis quelques jours l’excitation était à son comble et ceux qui savaient n’avaient pas le droit de dire. On retenait son souffle. Les médias étaient tenus à distance pour mieux être attirés le jour de session par ce qui s’annonçait comme un scoop… ou un flop à en croire les premières réactions sur les réseaux sociaux… Brétilien. Pourquoi est ce ridicule ? Car il n’y a aucun rapport entre Ille-et-Vilaine et Brétilien. Pourquoi est ce incompréhensible ? Parce ce le CDT a investi beaucoup de moyens pour que les touristes s’habituent à la marque Haute Bretagne. Le risque est que les habitants d’Ille-et-VIlaine ne s’approprient pas ce « gentilé », voire le moquent. Ca a d’ailleurs déjà commencé… Le Conseil général aura dépensé 30000 euros et même si ce n’est « que » 15000 pour l’instant,… pour rien. A l’heure où la dépense publique doit être optimisée, c’est pur gaspillage. Et après avoir fait l’appologie de Haut Breton, voir le vice président socialiste en charge du tourisme voter finalement pour Brétilien, j’ai eu le sentiment d’être à l’Assemblée nationale où mes collègues socialistes se font rappeler à l’ordre lorsqu’ils osent exprimer un avis différent de celui du du parti. Demain, nous examinons un rapport sur la protection de l’enfance. Voir sur France 3… et les débats à l’Assemblée départementaleCe qui me révolte, c’est que demain, nous examinons par exemple un rapport extrêmement important sur la protection de l’enfance et que je crains que l’énergie mise pour débattre du gentilé sera retombée alors que la mobilisation de l’Assemblée départementale devrait être totale.
Bonjour,
Je suis depuis toujours un homme de gauche et j’espère pouvoir le rester.
Toutefois, je ne suis pas un godillot et j’entends bien ne jamais le devenir.
J’observe que la création du gentilé Bretillien découle d’une délibération du Conseil Général en date du 15 février 2013 visant à « s’associer les services d’un comité d’experts qui fera aux élus une proposition fédératrice, susceptible de faire adhérer le plus grand nombre ».
Elle intervient au terme d’une procédure dans laquelle le président du comité dit d’experts se révèle être un publicitaire rémunéré dans le cadre d’un contrat ayant fait l’objet d’un « marché à procédure adaptée » en dessous du seuil des 15.000 euros HT qui dispense de l’essentiel des formalités.
J’ajoute que les « experts » n’en sont évidemment pas, puisque ce sont en réalité des « personnalités » locales, désignées par le titulaire du marché.
Cette décision est en contradiction flagrante avec les engagements publiquement pris par le Président du Conseil Général en janvier de ne soumettre la question à l’assemblée qu’en fin d’année, après que les habitants aient pu en connaître et en débattre.
C’est en effet dans le plus grand secret qu’elle a été instruite, le Président invoquant le droit de l’assemblée à la primeur pour refuser jusqu’à la dernière minute de dévoiler aux habitants les gentilés qui seraient soumis au vote en séance.
Enfin, la décision dénie frontalement les aspirations de la population qui s’était massivement exprimée, puisque le gentilé retenu n’a jamais été évoqué parmi les centaines de propositions qui en ont émané.
Le résultat est accablant : 90 % des internautes ont immédiatement fait part de leur dépit et de leur désaccord.
Sachant que le Président du Conseil Général n’a pas manifesté son intention d’en prendre acte, et que le titulaire du marché reste contractuellement chargé de « la popularisation du gentilé », je défends l’idée que soit étudié un recours au « droit d’interpellation populaire. » : http://interpellation.ille-et-vilaine.fr/ .
Cela suppose bien entendu de réunir 5.000 signatures en un an.
Pour mémoire : le sondage effectué l’an passé par un grand quotidien régional avait réuni près de 9.000 votants… dont 53,5 %, soit près de 5.000 en faveur de la racine Breizh.
PS : pourriez vous me confirmer que demande de vote à bulletin secret qui a été écartée avait pourtant bien recueilli plus de 1/6 des votants ?
Un scrutin à bulletin secret a en effet été demandé par les deux groupes minoritaires. Nous étions 18 conseillers généraux sur 53, donc plus du quart de l’Assemblée comme il est prévu dans le règlement intérieur du Conseil général d’Ille-et-Vilaine. Cependant, le Président a opposé une demande de scrutin public qui avait été déposée par 1/6ème des membres présents et qui prévaut sur le scrutin secret. Le vote s’est donc fait à main levée après un débat que vous pouvez revoir en suivant ce lien : http://vimeo.com/69161652
Je vous remercie de votre réponse.
Je n’avais pas repéré la vidéo de la séance, je l’ai regardée et je la trouve très instructive.
J’avais commis une erreur d’interprétation de l’échange qui a eu lieu à propos du vote à bulletin secret et vos précisions me permettent de mieux comprendre ce qui s’est passé.
Sur le fond,
J’ai vraiment beaucoup de mal à comprendre comment il peut se faire que le Président du Conseil Général, relayant semble t’il le point de vue du comité dit d’experts, dit avoir conscience qu’il s’agit véritablement d’un choix fait « pour l’éternité ».
Il me semblait que les départements étaient de création récente et que, dans toutes les hypothèses que l’on peut faire à moyen terme, leur avenir était particulièrement incertain.
J’ai encore plus de mal à comprendre comment il peut se faire que le Président du Conseil Général considère que la racine Breizh ne peut pas convenir pour désigner les habitants d’un territoire qui n’est pas bretonnant.
Je me demande alors pourquoi de l’ordre de 300 entreprises implantées en Ille et Vilaine l’ont retenue dans leur raison sociale et pourquoi plus de 250 associations domiciliées dans le département l’ont retenue dans leur intitulé ?…
Et je me dis que l’appellation Breizh-Illois avait tout pour plaire à une majorité de la population, des acteurs économiques et du monde associatif, si seulement ils avait été consultés pour choisir – par exemple – entre Haut(e)-breton(ne), Bretillien(ne) et Breizh-Illois(e).