Les années passent, les voeux (pieux ?) demeurent
Publié le 01 janvier 2016 dansA l’occasion de ses vœux aux Français, le Président de la République a égrainé ses (nouveaux ?) « mots clés » pour lutter contre le chômage (sa priorité depuis mai 2012, les résultats en attestant, n’est ce pas ?!) : code du travail, sécurité sociale professionnelle, opportunités économiques, formation, aides à l’embauche pour les PME, apprentissage. Ne le laissons pas s’en sortir à si bon compte. Petit retour en arrière. Sur l’emploi, depuis 3 ans et demi, François Hollande et ses gouvernements successifs ont accumulé les péchés originels : fin des heures supplémentaires défiscalisées, suppression de la TVA anti-délocalisation, alourdissement des normes et de la fiscalité sur les entreprises, coup porté à l’apprentissage (qui aujourd’hui reviendrait en grâce !…). Quel a été le résultat ? La montée inexorable du nombre de défaillances d’entreprises (60000 l’an dernier) et du nombre de chômeurs (près de 6 millions inscrits en catégories 1,2 et 3) ; et paradoxalement, 300000 offres d’emplois non pourvues. A l’exigence d’un changement de cap, la réponse de la majorité de gauche au Parlement a été (jusqu’ici, restons optimistes !) invariable : Cice, pacte de responsabilité, recours massif aux contrats aidés (1/3 des jeunes en emplois le seraient en contrats aidés), et au moins 5 lois censées « inverser la courbe du chômage » : sécurisation de l’emploi, formation professionnelle, économie sociale et solidaire, Macron, dialogue social ! Alors qu’il soit permis d’être sceptiques après les énièmes annonces d’hier soir. Le Président de la République s’est bien gardé d’évoquer la dépense publique qu’il laisse repartir à la hausse (augmentation du nombre de fonctionnaires !) et la dette qui reste abyssale, n’a rien dit des partenaires sociaux et de la réforme nécessaire de l’indemnisation du chômage, n’entend visiblement toujours pas les entreprises qui demandent tout simplement moins de charges et de normes (les entreprises qui vont se réveiller ce 1er janvier avec les décrets sur la pénibilité pris le 31 décembre…) ; quant au code du travail, François Hollande a d’ores et déjà annoncé qu’il ne faudrait toucher ni à la durée du travail, ni au salaire minimum, ni au contrat de travail : réformer pour que surtout rien ne change ! Il a encore annoncé un programme de grands travaux (comment va-t-il les financer ? compte-t-il sur les collectivités locales qui, faute de dotations, ont pourtant annoncé des investissements en baisse ?) et la généralisation du service civique (oups, il fallait bien un message en direction de la jeunesse pour laquelle il s’est engagé à « ré-enchanter le rêve »…, mais là encore, il ne nous a rien dit sur les modalités de financement, facile mais pas très responsable…). Le tout, avec un appel de plus en plus « convenu » à l’unité nationale. Mais quand on sait, pour le vivre à l’Assemblée nationale toute l’année, que toutes les propositions de l’opposition sont dogmatiquement rejetées (que ce soit en matière de lutte contre le terrorisme dont il a beaucoup été question hier soir ou de lutte contre le chômage et pour le pouvoir d’achat), tous ces discours laissent un goût bien amer ! 2016, année de vaillance et d’espérance ? Chiche mais en changeant, et maintenant !