L’Europe, l’Europe, l’Europe…
Publié le 04 mai 2017 dans« On peut sauter sur sa chaise comme un cabri en disant « l’Europe, l’Europe, l’Europe, mais cela n’aboutit à rien » remarquait le Général de Gaulle le 14 décembre 1965 au cours d’un entretien télévisé. Hier soir, dans le débat d’entre deux tours, il aura bien été question d’Europe. Mais de quelle manière ! Deux visions radicalement opposées se sont affrontées, dont l’une, que l’Européenne de cœur et de raison que je suis depuis le début de mon engagement politique, rejette viscéralement. Aujourd’hui, le projet européen est, hélas, à l’arrêt et les Français doutent. La France ne pourra contribuer à sa relance, qu’à condition d’avoir mené elle-même et en interne, les réformes courageuses et nécessaires, gages de sa propre souveraineté et de sa crédibilité. La place de la France en Europe a singulièrement reculé durant le quinquennat qui s’achève et il y a urgence à refonder une Europe politique plus proche des peuples. Comment ? En renforçant le couple franco allemand et en fixant quelques priorités à l’Union : défendre et promouvoir nos valeurs et notre histoire commune, protéger nos intérêts économiques et commerciaux, gérer la crise migratoire et garantir la sécurité des Européens. Exemples. Nous devons renforcer la gouvernance de la zone euro, faire de l’euro une monnaie de réserve et de règlement, tendre vers une convergence fiscale, créer un Fond monétaire européen. Dans les accords commerciaux internationaux, la réciprocité doit être la règle, le respect des normes sociales et environnementales doit être assuré sur les produits importés afin de mettre fin au dumping. La révision en cours de la directive « détachement des travailleurs » doit aller à son terme. S’agissant de la sécurité, nous devons nous assurer de l’efficacité des contrôles aux frontières et doter Frontex d’un budget opérant. Nous devons réformer Schengen et en expulser tout étranger reconnu coupable d’un crime ou en interdire l’accès à tout étranger ayant participé à une entreprise terroriste. Nous devons harmoniser nos règles d’accueil avec la création d’un droit d’asile européen et optimiser la politique européenne en matière de soutien au développement des pays d’origine des flux migratoires économiques ou climatiques. Pour lutter contre le terrorisme, nous ne pouvons plus faire l’économie d’une augmentation de l’effort militaire européen et nous devons doter les Armées de moyens de réaction aux cyberattaques. S’agissant des institutions, des réformes profondes s’imposent mais nous devons dès à présent mettre fin à l’inflation normative en concentrant l’exercice des compétences européennes sur quelques domaines fondamentaux et en appliquant le principe de subsidiarité.
La législation européenne impactant la législation française, nous devons exercer une vigilance accrue au regard de ce que j’ai pu observer à l’Assemblée nationale quand il s’agit de transposer des directives dans le droit français ! De vastes chantiers sont devant nous, comme la mise en place d’une véritable Europe de l’énergie ou la négociation de la future Politique agricole commune. Gageons que les responsables politiques qui invoquent l’Europe en aient pris la mesure et surtout agissent. Pour ma part, je le ferai comme je l’ai toujours fait, au niveau des responsabilités qui sont les miennes.